Kimagure OrangeRoad

Réflexion 36 :

Izumi Matsumoto

(partie 2)

 


Mise à jour du 8 Juillet 2014

 

Pour compléter ce dossier consacré à Izumi Matsumoto, je vous propose ci-dessous une traduction française d'une interview d'Izumi Matsumoto datée de 1993 accordée à une maison d'édition Italienne. C'était quelques mois avant la sortie du roman Shin KOR.

CyberFred

 

Interview exclusive d’Izumi Matsumoto
Près de la maison d’édition Shueisha, à Tokyo
le 27 octobre 1993

Publiée dans Kappa Magazine n° 23 Mars 1994
© Editions Star Comics - Tout droit réservés


Kappa Magazine : Pour commencer, pouvez-vous nous donner quelques informations sur votre état-civil ?

Izumi Matsumoto : Je suis né le 13 octobre 1958 à Takaoka, dans la province de Toyama. C’est peut-être pas très intéressant, mais beaucoup d'autres auteurs de manga sont nés dans cette province, comme les maîtres Fujiko-Fujio. Un des deux, qui est même l'auteur de « Doraemon », a fréquenté les mêmes écoles élémentaires, moyennes et supérieures que moi.

Kappa Magazine : Croyez-vous que l’endroit où vous avez grandi ait influencé votre travail ?

Izumi Matsumoto : Eh bien, ayant vécu dans un pays du nord, avec toute la neige qu’il y a en hivers, je crois qu'il n'existe pas d’autre passe-temps que celui de dessiner des mangas, en étant au chaud avec un kotatsu (un système typique de chauffage japonais). Pour cela, je pense que le métier d’auteur de mangas est vraiment une aptitude des habitants du nord. Peut-être existe-t-il plus d'auteurs de mangas au nord du Japon que dans tout le reste du pays.

Kappa Magazine : Mais Izumi Matsumoto est-il votre vrai nom ?

Izumi Matsumoto : Non, c’est mon nom d'artiste. Mon vrai nom est Kazuya Terashima.

Kappa Magazine : Comment est né ce nom d’artiste ?

Izumi Matsumoto : A l’origine, cela aurait dû être un pseudonyme commun entre moi et mon ami, vu qu’il aurait écrit les histoires, et moi je les aurais dessinées. Nous voulions un nom qui rappellait une ville du Japon : initialement, nous pensâmes à Shibuya et à Osaka, mais ensuite a prévalu la ville de Matsumoto, pour nous plus facile à se rappeller. En ce qui concerne le prénom, Izumi, dans la période où nous pensions vraiment devenir des auteurs de mangas, sortit un film que nous avons beaucoup aimé, intitulé « Sailorfuku to Kikanju » [NDR : 1981] et interprété par l’actrice Hiroko Yakushimaru : dans le film, elle s’appelait Izumi, et ce nom nous sembla très joli. En plus, nous avions l'intention de choisir un nom ambigu sur le sexe de l’auteur, donc nous choisîmes sans trop de difficulté. [NDR : littéralement, « Izumi Matsumoto » signifie en japonais « l'original printemps que l'on attend »].

Kappa Magazine : Quelle a été l’étincelle qui vous a donné l'envie de dessiner ?

Izumi Matsumoto : Petit, j’aimais lire des mangas, mais ce fut en 6ème année de classe élémentaire (1970), que j’ai commencé à faire mes premiers gribouillages sur mes cahiers. Durant ces années, je cherchais à dessiner des mangas issus des revues « Jump », « Magazine » ou « Sunday », mais c’était trop difficile pour moi. Je crois faire partie de la première génération qui a lu « Jump ». Du début à la fin, j’ai lu « Kujira Daigo » en passant par « Otoko Ippiki Gakidaisho », mais « Harenchi Gakuen » me plaisait par dessus tout [NDR : Premier grand succès de Gô Nagai dans l'univers du manga, c'est l'histoire loufoque de trois amis étudiants aux prises avec des professeurs sadiques] : je pense donc avoir commencé à faire des bandes dessinées après avoir lu ce manga du maître Gô Nagai.

Kappa Magazine : Quelle a été la cause directe qui vous a poussé à devenir auteur de mangas ?

Izumi Matsumoto : Comme beaucoup d'autres, j'ai subordonné mes projets à l’attention de la Shueisha. A l’époque il y avait un concours pour jeunes débutants dans le manga appelé « Jeune Premier Jump » (maintenant appelé « Hop-Step ») et j’y ai participé avec mon travail. C’était la première fois que je rencontrais un rédacteur. Il a lu ma bande-dessinée et, après m'avoir donné quelques conseils pour l'améliorer, il le présenta au concours.

Kappa Magazine : Etes-vous venu vivre à Tokyo dans l’intention de devenir un auteur de mangas ?

Izumi Matsumoto : Non. Ce fut à l’âge de 22 ou 23 ans que j’ai songé à le devenir sérieusement. Ce métier représentait alors pour moi un vieux rêve, comme plus ou moins celui de devenir une étoile du cinéma. À Tokyo, je suis seulement venu pour étudier le dessin et fréquenter l'école à la mode. Cependant, plus tard, j’ai pensé que j’étais assez apte à la carrière d'auteur de mangas, et j’ai commencé donc à dessiner de véritables épisodes.

Kappa Magazine : Par quel manga vous avez débuté ?

Izumi Matsumoto : « Kimagure Orange Road » a été ma première oeuvre à épisodes, mais le véritable début fut « Milk Report » (1982), publié dans le magazine « Fresh Jump » (devenue aujourd’hui « Jump Special ») qui présentait les travaux des débutants. Dernièrement, ce travail a été inséré dans mon recueil d'histoires brèves intitulé « Graffiti » (1989). C’était l’histoire d'un garçon avec des lunettes, toujours collé à sa mère.

Kappa Magazine : « Kimagure Orange Road » a été un grand succès et vous a rendu célèbre d'un seul d’un coup. Pouvez-vous nous dire comment est née ce manga ?

Dédicace avec le premier style de Madoka dans le mangaIzumi Matsumoto : Au début, je dessinais seulement des mangas humoristiques. A l’époque, il en existait beaucoup et de très amusants, comme « Gaki Deka » du maître Tatsuhiko Yamagami, « Stop Hibari Kun » du maître Hisashi Eguchi, etc... Ce genre d’histoire m'intéressait, et je les dessinais avec grand plaisir. Même mon « Milk Report » était humoristique, et bien que je me suis essayé plusieurs fois sur la route de la bande dessinée humoristique, je ne m'en suis jamais passé. Un jour, un rédacteur me conseilla de tenter un autre genre, en faisant de sorte que le personnage principal soit une fille. Ensemble, nous décidâmes que ce devait être une sorte Love Story, parce qu’à cet instant, j'avais l’intention d'expérimenter quelque chose de nouveau.

Kappa Magazine : Etait-il au début difficile de conceptualiser les personnages?

Izumi Matsumoto : Non, pas tellement. Plus qu’un autre, étant débutant, c’était un gros problème pour moi créer une histoire complètement nouvelle. Mais la providentielle expérience du rédacteur me suggéra d'obéir uniquement à mes sentiments, et c’est ainsi que je créais Madoka, qui représente la fille de mes rêves.

Kappa Magazine : Donc, Madoka Ayukawa a-t-elle un quelconque rapport avec votre premier amour ?

Izumi Matsumoto : Eh bien... étant donné mon faible succès avec les filles dans le passé, elle représente pour ainsi dire ma femme idéale.

Kappa Magazine : « Kimagure Orange Road » a eu un grand succès en Italie dans sa version anime. Cependant, il a subi beaucoup de coupures à cause des scènes osées. Deux épisodes entiers n'ont même pas été diffusés. Que pensez-vous de ce traitement ?

Izumi Matsumoto : Les normes et les règles changent de pays en pays à propos des programmes pour enfants. Donc je pense qu'il n'y avait rien à faire. Seulement, en ce qui concerne « Kimagure Orange Road » (et maintenant KOR), les éléments osés ne sont pas tout à fait évidents. Je voudrais que tous puissent jouir de l’anime sans une quelconque et inutile censure.

Dédicace plus récente 1997 avec une Madoka métamorphoséeKappa Magazine : KOR est surtout tourné pour un public adolescent. Pourtant, nous y trouvons des implications particulières, comme l'homosexualité d'Akane, follement tombée amoureuse de Madoka. Pourquoi ce choix ?

Izumi Matsumoto : D'un point de vue technique, c’était seulement pour rendre l’histoire plus amusante. L'homosexualité d'Akane n'est pas celle qu’entendent les adultes. Il s'agit d'un sentiment qu’une fille peut éprouver à l’adolescence avant de commencer à éprouver de l’intérêt pour l’autre sexe. Parce qu’aussi intéressée par les garçons, elle en a un peu peur. Par conséquent, elle est attirée par les personnes de son sexe. Ceci est mon analyse personnelle.

Kappa Magazine : Avec Kyosuke, une partie d’une famille Kasuga est douée de pouvoirs paranormaux. Pouvez-vous nous expliquer l'origine de ces pouvoirs ?

Izumi Matsumoto : A dire vrai, j'avais pensé à une histoire que je n'ai cependant jamais représenté dans les planches. À la fin de KOR, j'ai voulu insérer un épisode où les protagonistes vont visiter le village des grands-parents, et insinuer que les lecteurs suspectent que tous les habitants de ce village étaient doués de pouvoirs ESP. Probablement étaient-ils des êtres d’origine extra-terrestre !

Kappa Magazine : Beaucoup se demandent quelle fin a eu la mère de Kyosuke…

Izumi Matsumoto : J'ai supposé qu'elle était morte, et j’ai même représenté sa  tombe dans le manga. En ce qui concerne les causes de sa mort, même là aussi c'est une histoire que je n’ai jamais réussi à dessiner : en bref, elle est morte durant son accouchement. J'ai repensé à quelques récits de science-fiction que j'ai lus, et j’ai ainsi imaginé que les mélanges génétiques des différentes races (d'êtres extra-terrestres et terrestres) pouvaient engendrer des problèmes pendant les accouchements, avec 50% de probabilité que la mère meure : les enfants nés de ce croisement auraient eu de toute façon des pouvoirs paranormaux. Imaginez donc la possibilité suivante : si Kyosuke devait épouser Madoka et décidait d’avoir avec elle un enfant, elle risquerait la mort ! Ce serait une fin tragique. Mais si je devais décider de dessiner la suite de KOR, il est très probable que j'insérerais un épisode de ce genre.

Kappa Magazine : Vous nous avez expliqué que Madoka représentait votre femme idéale. Mais en ce qui concerne son caractère, avez-vous choisi quelqu’un que vous connaissiez ?

Izumi Matsumoto : Lorsque j'ai commencé à travailler sur KOR, en 1984, une chanteuse du nom de Akina Nakamori avait un grand succès. Alors que toutes les chanteuses arboraient toujours des visages de gentilles jeunes filles à la mode, celle-ci avait l'air d’une délinquante ou d’une mauvaise élève. Cette différence me frappa. Même dans les mangas, il n’existait pas de protagonistes avec un caractère aussi rebelle. Même s’il me semblait impossible qu'elle puisse être aimée des lecteurs, je restai tellement impressionné par le caractère d'Akina Nakamori qu’il me vint une grande envie de créer un personnage ayant la même attitude.

Sesame StreetKappa Magazine : Après KOR, vous êtes passé à « Sesame Street ». Pouvez-vous nous dire comment est née cette histoire et si elle continuera encore ?

Izumi Matsumoto : Pour l'instant sa publication est arrêtée, mais je ne la considère pas tout à fait comme une oeuvre complète, au contraire. Je voudrais la continuer dès que possible. Pendant que je dessinais KOR, je m'étais un peu ennuyé, et j’avais envie de créer quelque chose de nouveau. Les éléments de la comédie amoureuse étant aussi présents, je considère « Sesame Street » comme des histoires adaptées de la vie familiale. Peut-être en comparant Chitose (une des protagonistes) à Madoka, Keiki Fujiya à Kyosuke Kasuga, ou bien Karin à Hikaru, on peut remarquer des similitudes, mais mon intention était de créer un manga dans lequel les trois personnages pouvaient être en même temps des protagonistes de même importance. Donc pas besoin que se développe un triangle amoureux entre eux, et chaque personnage peut choisir sa route. Par exemple, Chitose pourrait très bien avoir un autre fiancé, et les deux autres, être amoureux l'un de l’autre.

Kappa Magazine : Dans un sens, « Graffiti », est toute votre carrière. Mais votre style est en évolution constante. Que nous réserve le futur ?

Izumi Matsumoto : Je voudrais améliorer mon graphisme. Et cela me fait vraiment souffrir le plus : à cause des progrès croissants de la technologie, les moyens d'expression des auteurs changent de façon continue, spécialement au Japon. Je voudrais beaucoup réussir à rester au niveau avec le temps…

Kappa Magazine : De quels auteurs avez vous suivi l’exemple à vos débuts ?

Izumi Matsumoto : Il y en a tellement qu’il me serait difficile d’en nommer qu’un seul. Les œuvres des maîtres Hideo Azuma et Hisashi Eguchi sont très belles et pleines de personnalité. Je crois que ces deux artistes m'ont particulièrement influencé. En ce qui concerne les progrès technologiques, j'utilise à présent Photoshop sur ordinateur Macintosh. Cela me plaît beaucoup de dessiner avec l'ordinateur, et j’ai l’intention de l'utiliser pour créer toutes les nouvelles planches en couleurs de mon prochain manga, même si en réalité cela fait seulement quelques mois que j'utilise l'ordinateur avec l'aide d'un expert …

Kappa Magazine : Il semble qu'il faille beaucoup de temps pour dessiner sur ordinateur...

Izumi Matsumoto : Non, au contraire. En dessinant de manière classique, il est impossible modifier un travail fini. Avec l'ordinateur, par contre, on peut changer les choses comme on le veut et très rapidement. Je crois que l'ordinateur permet une grande capacité d'expression.

Kappa Magazine : En général, vous servez-vous d'assistants, ou bien quand on utilise l'ordinateur, que se passe-t-il ?

Izumi Matsumoto : En ce qui concerne l'ordinateur, il faut des personnes qui sachent l'utiliser. Pour KOR, je disposais de cinq assistants, alors que pour « Sesame Street », vu que je ne devais pas dessiner beaucoup de planches, il me suffisait d’une une ou de deux personnes au maximum.

Kappa Magazine : Outre l’ordinateur, de quel autre moyen vous servez-vous pour dessiner ?

Izumi Matsumoto : Il existe quelques trucs de métier notamment dans l’utilisation du photocopieur, même pour moi. Pour le fond, en calquant une photo, on peut obtenir d’excellents résultats très réalistes. Pour un auteur de mangas, la qualité d’un projet est aussi importante que le temps pour lequel il faut le réaliser. Donc je cherche toujours à dessiner avec la manière la plus rationnelle possible. En utilisant des photos, cependant, il est vraiment nécessaire d'en réaliser sois-même pour éviter les problèmes de copyright. Lorsque j'ai le temps, je le fais tout seul, autrement, je demande à la rédaction de me les procurer.

Kappa Magazine : Revenons à KOR : dans l’ultime volume du manga, le 18ème (le 25ème pour Star Light en Italie), vous remerciez quelques auteurs pour leur contribution, parmi lesquels Katsuhiro Otomo…

Izumi Matsumoto : Excepté le maître Otomo, tous mes amis et collègues travaillaient pour la même revue que moi. Je les ai remerciés parce que lorsque je me trouvais en difficulté par manque de temps, je leur avais demandé de l’aide pour dessiner les parties que mes assistants n’étaient pas en mesure de faire, c'est-à-dire les personnages. En ce qui concerne Otomo, plus qu'un collaborateur, il est mon maître spirituel, puisque chaque fois que je dessinais, j’avais ses œuvres sous les yeux comme signe d’encouragement.

Kappa Magazine : Outre ce maître, quels sont les auteurs Japonais que vous admirez ?

Izumi Matsumoto : J’aime beaucoup les oeuvres de Rumiko Takahashi (« Urusei Yatsura », « Ranma 1/2»), de même que Mitsuru Adachi (« Touch », « Miyuki ») et Hisashi Eguchi. Parmi les plus récents, j'admire beaucoup Yuzo Takada (« 3x3 Eyes » et Kazushi Hagiwara (« Bastard ! ») qui était mon assistant.

Kappa Magazine : Avez-vous eu l’occasion de voir des oeuvres occidentales ?

Izumi Matsumoto : Au Japon, on ne réclame pas beaucoup les auteurs occidentaux. Ainsi, si je veux les admirer, je dois aller les chercher moi-même. De toute façon, j’aime beaucoup les illustrations de H.R. Giger (le créateur du monstrueux Alien), même s’il n'est pas vraiment un auteur de bandes dessinées. Ensuite, il y a Moebius, pratiquement apprécié par tous les auteurs Japonais… Je crois que j’ai eu beaucoup de son influence, involontairement.

Kappa Magazine : Que pensez-vous du travail d'Akemi Takada, qui s'est occupée de l’adaptation animée de KOR ?

Izumi Matsumoto : A l’origine, j’étais préoccupé par le fait que cette adaptation devait être accomplie par quelqu’un d’autre. Ensuite, j’ai été tranquillisé par le très bon travail d’Akemi Takada, qui avait déjà œuvré dans la version animée d'« Urusei Yatsura », et dans autres anime du passé. Ses travaux préparatoires me plurent très vite. Son style m’a semblé doux et féminin, les couleurs choisies avec goût… Je crois vaiment  qu’elle a créé un nouveau style pour dessiner Madoka, ce qui manquait en moi.

Kappa Magazine : Avez-vous d’autres hobby en dehors de la bande dessinée ?

Izumi Matsumoto : J'adore la musique. Très jeune, je mis sur pied un petit groupe avec quelques-uns de mes amis. Maintenant, je n'ai pas le temps pour me dédier à ce hobby, donc je me contente de me promener en voiture. Il me plairait d’avoir une Ferrari, mais elle est tellement chère que je crois que je ne réussirai jamais à l'acheter. De toute façon, je possède une NSX, une voiture japonaise presque similaire aux Ferraris.

Kappa Magazine : Même vos fan Italiens attendent avec anxieté votre nouvelle oeuvre : quels sont vos projets en cours ?

EE - Anciennement projet Magical Power MakoIzumi Matsumoto : Je prépare un nouveau projet à épisode, à paraître dans « Super Jump », la revue dans laquelle était publiée « Sesame Street ». KOR était acclimaté à une époque contemporaine, alors que cette nouvelle histoire sera de type futuriste. La protagoniste sera une fille de 3030 qui revient 1000 ans dans le passé, jusqu'au 2030, c'est-à-dire dans le 21ème siècle. Le titre sera « Magical Power Mako ». Si cela semble déjà connu, il ne faut pas s’en étonner : c’est la traduction anglaise du titre d'un célèbre anime intitulé « Maho no Mako chan ». Il y a quinze ans, il existait un groupe rock japonais qui s’appelait vraiment ainsi… Peut-être que cet anime plaisait aux membres du groupe et ils ont ainsi pensé à en prendre le nom, évidemment traduit en Anglais. Cela fait plus de dix ans que j'avais en tête ce projet, donc, j'ai décidé de le donner à ce nouveau manga, vu que l’héroïne est douée d'étranges pouvoirs. J'ai attribué ces pouvoirs à une fille provenant du futur, parce que je pense que les progrès d'une science avancée de plus de 1000 ans peuvent paraître comme des miracles à nos yeux, comme pour le cas d’un homme qui a vécu il y a mille ans, resterait interdit en nous voyant utiliser un briquet normal, ou bien un simple baladeur. Donc, tout ce qui est étiqueté comme pouvoir paranormal n'est seulement qu'une science plus qui a plus de 1000 ans de progrès par rapport à nous, et l’héroïne, Mako, s’en sert de manière simple. Elle arrivera à bord d’une machine temporelle, comme dans un n'importe quel roman ou film de science-fiction. Personnellement, je suis contre l’hypothèse selon laquelle une telle machine puisse être un jour construite : je crois qu’il est impossible pour une quelconque civilisation, même très avancée, de construire une machine temporelle, comme le soutient même la thèse du docteur Hawking. Cependant, après m'être beaucoup occupé de voyages temporels, j'ai élaboré quelques thèses que je retiens comme intéressantes. Donc, je crois que pour un lecteur, elles valent la peine d’être lues dans mon nouveau manga. Ah, j'oubliais : actuellement, je travaille pour un autre manga à épisodes, que j'ai déjà commencé à publier. Le titre est « Black Moon », et il est sérialisé dans une revue du Takeshobo appelée « Comic Gamma ». L'histoire a été écrite par mon ami, pendant que j’étais sur mes projets. Un épisode sort tous les trois mois environ, donc il ne me prend pas beaucoup de temps. De toute façon, actuellement, je travaille ferme. [NDR : Le projet « Magical Power Mako » devint « EE »].

Kappa Magazine : Il semble qu'il y ait beaucoup de nouvelles idées, mais voudrions savoir s'il a un projet particulièrement intéressant pour l’avenir.

Izumi Matsumoto : Il existe une collection appelée « Jump Novels » qui  sort toute une panoplie de romans : ils ne sont rien d'autre que des mangas publiés sur « Jump » transformés en roman. Au printemps prochain est prévue la suite de KOR en version roman, pour laquelle je dessinerai quelques illustrations et quelques vignettes. L'histoire se base sur un bond accidentel dans le Temps du héros qui se retrouve en 1994. J’ai créé le sujet, mais le roman sera écrit par Mr. Kenji Terada qui a même été le scénariste de la version animée de KOR. D’un commun accord, nous avons décidé de placer l'histoire en 1994, vu que le roman sera vraiment publié cette année.

Kappa Magazine : N’est-il pas prévu une suite sous forme de bande dessinée, à l’occasion de ce roman ?

Izumi Matsumoto : Ce n’est pas prévu au programme. Les romans sont complètement séparés des bandes dessinées. Ce sera par contre un récit complet, avec beaucoup d’éléments qui font suite au manga.

Kappa Magazine : Mais quelle intention avez-vous de donner suite au manga de KOR ?

Izumi Matsumoto : Pour le moment, je suis engagé dans les projets « Magical Power Mako » et « Black Moon », outre « Sesame Street », que je considère encore comme incomplet. Donc, je donnerai suite à KOR seulement lorsque j’en aurai le temps. Mais si je devais le faire, je créerais sûrement un manga complètement différent du précédent.

Kappa Magazine : Vous vous insérez souvent vous-même dans vos mangas, sous l’aspect caricatural d’une sorte de Kappa japonais. Qu’est-ce qui vous motive de vous représenter ainsi ?

Izumi Matsumoto : Il y a quelques années, il y avait une fille qui, pour plaisanter, m’avait décrit ainsi. Depuis, je me suis toujours vu sous cette forme.

Kappa Magazine : Pour finir, nous vous prions de transmettre un message à tous les fans Italiens.

Izumi Matsumoto : Eh bien, ç’a été une grande surprise pour moi de savoir que mes histoires, soit en manga, soit en animation, sont appréciées, même en Italie. J'ai toujours été un grand admirateur d'un groupe musical italien appelé Premiata Forneria Marconi  (PFM) : j'écoutais toujours leur musique pendant que je dessinais KOR. Je crois que cela a été une coïncidence vraiment incroyable que mon manga soit passé dans votre pays. Je suis convaincu que l'Italie est à la première place dans les secteurs de la musique, de la mode et des arts, donc c’est un grand honneur de venir apprécié dans un pays ainsi culturellement avancé : je ne réussis toujours pas à le croire ! De toute façon, je vous prie de continuer à apprécier mes histoires. Merci.

 

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