Kimagure OrangeRoad

Réflexion 36 :

Izumi Matsumoto

(partie 4)

 

 

Mise à jour du 10 Juillet 2014
Révision du 29 Août 2014

 

En Juillet 2014, Izumi Matsumoto a été invité d'honneur au 15ème Japan Expo de Paris. Une conférence a été donnée par Izumi Matsumoto le 6 Juillet 2014, abondamment illustrée de diapositives projetées (que nous reproduisons intégralement ici) et qui s'est terminée par le dessin de Madoka en tenue estivale.

Remercions Punch pour avoir été présent à cette conférence et qui a écrit, filmé et photographié ce que vous allez découvrir.

CyberFred
le 10 Juillet 2014

 

 Conférence d’Izumi Matsumoto à la 15ème Japan Expo

Dimanche 06 Juillet 2014

Compte-rendu détaillé
Par Punch
MAJ du 8 Juillet 2014

 

Le Maître est arrivé à la conférence (qui avait lieu entre 14h30 et 16h15 sur la scène Japan Expo), sous les applaudissements du public, plutôt souriant et en forme, compte tenu de son âge et de ses problèmes de santé. Il a commencé par dire que sa conférence reprendrait ce qu’il n’a pas pu montrer dans la Masterclass, (ayant eu lieu le vendredi 4 Juillet) suite aux problèmes techniques rencontrés.

Il a rappelé que son manga le plus connu, « Kimagure Orange Road », a été publié par la Shôgakukan de 1984 à 1987 (La Shogakukan a créé la maison d'édition Shueisha en 1925) et à chaleureusement remercié ses lecteurs.

 

Portrait d'Izumi Matsumoto

Il a fait la distinction entre ses travaux avant et après l’utilisation de l’ordinateur. Il se sert d’un Mac et de Photoshop depuis 1990 pour coloriser ses dessins. Le traducteur n’a pas su définir précisément les techniques utilisées et à parlé de « pointillés » (la couleur est réalisée point par point) et de « layer brush ».

 

Travaux d'Izumi Matsumoto

Anecdote sur la dernière image : elle a été réalisée en 1990 à la fin de la série TV, d’après un manga d'Okada Masanao appelé « Mini-skirt police », une comédie policière ecchi où les personnages féminins portent des uniformes très courts !

Ce dessin de Madoka et Kyôsuke reprend la scène finale de « l’arbre des souvenirs » du tome 16. Il a été réalisé à la fin de l’animé sous la contrainte de l’utilisation de deux couleurs qu’il a nuancé au maximum, et a ainsi obtenu cet « effet orangé ».

Le chapitre hors-série « Panique aux bains publics » a été écrit 10 ans plus tard et se déroule selon la chronologie du manga en Juin 1987. Il a été publié dans le Super Jump de la Shueisha, un magazine seinen. Ce changement de magazine lui a permis d’aborder des histoires plus adultes et de montrer de la nudité. L’auteur, avec un large sourire communicatif, n’a pas caché son attrait pour les bains publics qui est pour lui un bon prétexte pour montrer ses héroïnes dénudées (« full nude »).

La Madoka ayant servi d’illustration pour la Japan Expo de cette année existait déjà en noir et blanc. C’est la première fois qu’elle apparaît au public sous sa forme colorisée.

Izumi Matsumoto est l’un des pionniers en matière de manga numérique publié sous forme de CD-ROM tournant sur Windows 95 (Comic On). Ce chapitre hors-série a été créé spécialement pour ce format auquel il a ajouté de la musique, les voix des seiyû (doubleur) de l’animé et des musiques. Il a été limité par l’espace de stockage restreint imposé par le support l’empêchant de mettre toutes les voix. Il a utilisé un logiciel qui se fait maintenant appeler « flash ».

Il a ensuite abordé son manga seinen « Sesame Street » (1988 - 1992) réalisé après KOR, une comédie plus adulte. Izumi Matsumoto souhaitait que cela paraisse dans Super Jump, magasine plus adulte que Shonen Jump.

Le personnage de Karin, l’héroïne avec les couettes (et les choux bien placés qui ont fait rire le public !), a été crée comme une « revanche » d’Hikaru en version améliorée qui n’aurait rien à envier à Madoka.

Black Moon est un manga « steampunk » dont le personnage principal s’appelle Nara.

A ce moment là, il nous a expliqué que durant la réalisation de KOR, il a travaillé pendant trois ans en rendant 20 pages par semaine au rythme de six jours par semaine (le dernier étant consacré au repos complet). Il n’avait donc pas le temps de travailler sur un autre manga ou de participer à la série animée.

Matsumoto est donc fan de science-fiction avant même les comédies sentimentales d’où l’introduction du « Pouvoir » dans KOR.

Le premier roman de Shin KOR a été abordé, ainsi que son adaptation en film long métrage animé. Rappelons que c'est Izumi Matsumoto qui a illustré les dessins le roman écrit par Kenji Terada. Il n'existe pas de manga de ce roman, seulement des ouvrages papiers reprenant les images du film (un anime comics appelé "New Orange Road Color Movie Comics" de 137 pages).

Izumi Matsumoto a ensuite abordé son recueil d’histoires courtes « Graffiti » où il a expliqué que les histoires étaient classées par ordre anti-chronologique.

S’en est suivi une rapide présentation des CD ROM « Comic On » :

... suivie de la projection d’un extrait de « Panique aux bains publics ». Le traducteur a expliqué que ce manga numérique se rapprochait fortement d’un animé. La salle, très enthousiaste, a été déçue de ne pas tout voir en entier, surtout le public masculin !

Il a ensuite parlé de son œuvre de science-fiction appelée « EE » dessinée directement en 4/3 pour être adaptée aux écrans de l’époque. Un extrait de deux minutes a été projeté sur une durée globale de 30 mn.

Son œuvre suivante est « Bakumatsu Rashamen Joshi » démarrée en 1999.

Se déroulant à l’époque du « Bakumatsu », au moment de l’ouverture du Japon sur l’extérieur, avec l’arrivée du Commodore Perry (en 1853). L’histoire reprend l’arrivée du premier ambassadeur Américain du Japon et de la rencontre amoureuse de son jeune interprète avec une « Madoka d’époque ».

Afin de réaliser ce manga, il est parti à Shimoda pour interviewer les anciens. A cette fin, son activité a été intense pendant un mois et c’est là qu’il a fait son premier malaise.

Matsumoto entame donc à ce moment-là sa longue explication sur sa maladie, perdant sans doute au passage une majorité de l’auditoire…

Donc, ce malaise a réveillé le choc reçu à la tête (côté droit) lors d’un accident de voiture qu’il a eu à l’âge de 3 ans.

Sa maladie est une donc une fuite du liquide céphalo-rachidien (le liquide dans lequel baigne le cerveau). Elle a pour conséquences des  malaises, des maux de tête, des insomnies…

Pour se soigner, il a été dans tous les hôpitaux, consulté tous les spécialistes possibles. Il a même été en psychiatrie (rien à voir avec la folie, c’est fréquent chez ceux qui ont subi des chocs au niveau du cerveau ou de la moelle épinière).

Il est resté 5 ans à l’hôpital sans aucun résultat. Les médicaments donnés ne soulageaient pas ses maux, au contraire, ils aggravaient son état de santé à cause de leurs effets secondaires. Il a décidé de quitter l’hôpital faute de résultat et il est resté à vivre reclus chez lui (« hikikomori »).

En fin de compte, c’est en réalisant des recherches sur Internet qu’il a découvert l’origine de sa maladie. Il s’est alors rendu dans une clinique spécialisée pour se faire soigner.

La perte du liquide céphalo-rachidien provoque une descente du cerveau et un écrasement des nerfs.

Le remède trouvé est le « blood patch » : une injection de sang dans la moelle épinière (dit-il en nous montrant le bas de son dos). La réaction est la suivante : le sang est considéré comme un corps étranger (ne devant pas se trouver là) dans cette partie du corps. Ceci provoque alors une réaction de l’organisme qui comble les failles, laissant échapper le liquide.

Le traitement a fonctionné et il est maintenant en bonne santé. Comme cette maladie et ce traitement sont méconnus, il souhaite que l’on transmette son expérience à ceux qui auraient les mêmes symptômes que lui.

Il considère à présent les accidents de voiture (ainsi que les guerres) comme le mal le plus important au monde. Je vois là un lien évident avec Shin KOR.

 

Le nouveau projet d'Izumi Matsumoto

C’est à partir de cette expérience et de sa volonté de communiquer autour de celle-ci qu’il a démarré le projet au titre provisoire de « Middle of the Journey » (Tabi no Tochû en VO).

L’héroïne, au milieu, s’appelle Yayoï Tajima (Nom inspiré de celui de Terashima étant le vrai nom de Matsumoto). « Ya » étant la fin de son vrai prénom (Kazuya) et « yoï » signifiant « vie ». Il y a une erreur sur la diapo où il est indiqué que l'héroïne s'appelle "Yayoï Terashima".

Il a choisi une jeune fille comme héroïne qu’il considère comme un personnage plus agréable à voir et à lire qu’un homme de son âge.

Les deux autres personnages sont des hommes et forment donc un « triangle amoureux » avec l’héroïne car Matsumoto aime ce genre de thématique.

Jun Itsuki : un Kyôsuke plus cool et sûr de lui, héritant de la « bad guy » attitude de Madoka.

Kazuya Misaki : rien retenu à son sujet

Tsukasa TAJIMA : grand frère médecin de l’héroïne, il est tourmenté car incapable de trouver l’origine de la maladie de sa sœur.

Tout comme Matsumoto, Yayoï va devenir mangaka. L’auteur va donc s’amuser à se copier lui-même, avec une copie de KOR...

Nao Misaki : une amie de Yahoï.

Un aperçu du manga dans le manga :

... et de Bakumatsu Rashamen Joshi. Dans Middle of the Journey, la mangaka Yayoï Terashima, a commencé à dessiner l'histoire de  Bakumatsu Rashamen Joshi, qu'Izumi matsumoto avait lui-même commencé quand il a été stoppé dans son projet par la maladie. Il reproduit pour son alter-ego de Middle of the Journey la même situation qu'il a lui-même vécue.)

Yayoï, tout comme Matsumoto lui-même, vit sa maladie telle une « malédiction ».

Après des applaudissements, la séance s’achève par le dessin public dont le crayonné à été préparé soigneusement à l’avance (selon l’explication du traducteur).

Le traducteur annonce qu'Izumi Matsumoto va faire son dessin de Madoka. Il l'a vu s'appliquer à préparer les contours (le samedi d'avant ?) mais nous affirme que nous aurons droit à un vrai dessin.

Izumi Matsumoto quitte la scène et revient avec la grande toile qui comporte l'esquisse au crayon bien avancée de Madoka.

Il dessine dans l'ordre suivant :

1) Les yeux ;
2) Les mèches du front ;
3) Le haut du crâne ;
4) Le visage ;
5) Le cou ;
6) Les épaules ;
7) Le bras droit ;
8) Le haut du maillot ;
9) Les détails de la chevelure ;
10) Le bas du maillot (la partie la plus basse donc la plus acrobatique à dessiner sur scène).

Entre chaque étape, il a rajouté une multitude de détails, un peu partout.

Il n'a travaillé qu'avec des feutres noirs pris dans sa trousse. Il a utilisé des feutres d'épaisseur différents en fonction de ce qu'il avait à dessiner. Par exemple, il a beaucoup utilisé le feutre fin au début pour faire tous les contours et utilisé des feutres plus épais en fonction des besoins comme pour la chevelure.

Le Maître s’est appliqué durant une bonne vingtaine de minutes en soignant les détails.

Une fois le dessin achevé, il a posé quelques instants à côté de son œuvre pour les photographes et s’est éclipsé discrètement. La salle a été déçue que le maître n’ait pas signé son œuvre, mais cela n’a pas empêché une marée de photographes (dont moi) d’immortaliser son travail de près.

Cliquez ici pour une version haute résolution
de ce magnifique dessin.

 

Punch
le 10 Juillet 2014

 

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Kimagure Orange Road est Copyright © Izumi Matsumoto/Shueisha/NTV/VAP/Toho/Studio Pierrot - 2014
Toutes les oeuvres citées et présentées dans cet article sont © Izumi Matsumoto - 2014
Merci à Japan Expo et Hivelinx pour les diapositives projetées - 2014
Merci à Punch pour l'autorisation de publier cette page - 2014