Kimagure OrangeRoad

 "Kimagure Orange Road
ou comment j'ai découvert
la fontaine miraculeuse"

 

par Punch

 

 

Je fais partie des trentenaires appartenant à la "génération Goldorak", et je suis toujours passionné de manga, d'animés, de jeux vidéo et par extension de la culture asiatique en général. Et, un jour, ma route à croisée celle de KOR.

Cette rencontre a bien failli ne jamais avoir lieu tant de fois j'ai approché cette série, la touchant du doigt, mais à chaque fois, elle s'éloignait de moi tel un mirage d'été...

Mais commençons par le commencement.

KOR, ou plutôt Max et Compagnie, me disait quelque chose, tout du moins de nom. Aussi loin que je puisse m'en rappeler, je regardais les dessins animés à la TV. J'ai surtout suivi "Récré A2" et plus tard le "Club Dorothée". Bien sûr, il y avait des dessins animés sur les autres chaînes, mais, Canal + était crypté, et je n'ai capté que très tardivement la Cinq (après qu'elle soit devenue Arte) et M6, faute d'antenne de puissance suffisante. Je connaissais les programmes qui y étaient diffusés grâce au guide TV, et je m'attardais souvent sur la page de la Cinq. C'était les photos des dessins animés qui attiraient mon attention, provenant d'une émission au titre évocateur "Youpi ! l'école est finie". Mais malheureusement, je n'ai jamais eu cette chaîne durant sa courte existence (1986-1992), et je suis passé à côté de pleins de séries dont celle-ci.

En 1996-1997, bien qu'assidu au "Club Dorothée", à part certains mercredis matin, je l'ai encore manquée, ainsi que d'autres grandes séries dont Nadia le secret de l'eau bleue et Fly (Dragon Quest).

Vient l'année 1999, l'année de l'éclipse solaire visible en France c'est comme cela que m'en souviens. Je regardais avec assiduité, tous les jours en semaine, l'émission "Récré Kids" sur TMC. C'était pour revoir les séries d'antan, et surtout pour suivre Touch que je venais de découvrir (ou Théo ou la batte de la victoire en VF autrefois diffusé sur la Cinq). L'émission passait aussi le matin pendant le week-end, mais je n'aimais pas me lever tôt, alors je ne la regardais pas ces jours-là. Pourtant, un dimanche matin, j'ai allumé ma télé, et en zappant je suis tombé par hasard sur la série.

Je suis arrivé à la diffusion des deux derniers épisodes, et j'ai tout de suite apprécié, même si je ne pense pas en avoir compris grand chose à l'époque. À ma grande déception, la série était déjà finie, mais, sans m'en rendre compte, je la garderais quelque part dans un coin de ma tête.

En l'an 2000, durant mon service militaire, grâce à un camarade d'infortune, je découvre le salon Cartoonist de Toulon, où entre autres emplettes, j'achète sans le savoir une carte postale de KOR (photo ci-dessous). Elle reprend une illustration d'Akemi Takada qui a retenu mon attention grâce aux tenues sexy de Madoka et Hikaru et aux magnifiques couleurs pastel.

En 2006, je cherche sur Internet des MP3 de City Hunter (ou Nicky Larson en VF) et de Yuki Kajiura, une très grande compositrice d'animés du niveau de Yoko Kanno. Je télécharge en même temps "Kyosuke n°1" et "Madoka no tema in lovers room" qui resteront longtemps dans mon MP3, pour leur qualité sans pour autant connaître leur origine.

Vient l'année 2007, je redécouvre avec grand plaisir Maison Ikkoku (ou Juliette je t'aime en VF), série que j'avais détestée à l'époque du Club Dorothée car j'était trop jeune pour comprendre une série sentimentale sans action. C'est lors d'une énième rediffusion sur Mangas, que j'ai dû déménager. Le seul moyen que j'ai trouvé pour continuer à la regarder était en VOST sous-titrée en anglais sur YouTube (épisodes retirés depuis pour des raisons évidentes de droits).

C'est en terminant cette série que je suis tombé sur des liens vers les épisodes de KOR, sans doute à cause de la proximité des thèmes et de la character designer commune aux deux séries.

Ma découverte de KOR à été sans appel, un véritable coup de foudre, à l'image de la rencontre entre Kyosuke et Madoka.

J'ai dévoré rapidement les 48 épisodes (en VO sous-titrée en anglais probablement issue d'un fansub très détaillé), le 1er film (en très mauvaise VF), le 2ème (en VOSTFR) et une partie des OAV trouvées en streaming.

Par la suite, j'ai commandé sur Internet les deux coffrets de la série en VOSTFR, les 2 films et les OAV (avec les trois romans inclus que j'ai lus bien sûr).

Je suis rentré très rapidement dans l'histoire, m'identifiant complètement à Kyosuke. Comme lui, je suis assez maladroit tant avec les objets qu'avec les personnes, et je tiens très mal l'alcool, même si je ne suis pas dans le même état que lui au bout de deux verres ! J'ai aussi tendance à être trop gentil et à me faire avoir par les autres et encore bien d'autres points communs...

Ni Superman, ni tombeur, il a tout de l'adolescent moyen, certains même pourront le trouver fade. Mais à mes yeux, c'est un personnage très attachant, proche d'un être humain avec ses qualités et ses défauts. Sa droiture quant à l'utilisation honnête du Pouvoir est exemplaire (je ne sais pas si je ne céderais pas au côté obscur à sa place dans le style du film Jumper).

J'ai été subjugué par la belle et mystérieuse Madoka qui excelle dans tous les domaines : études, sport, musique... et même la bagarre (je me demande même si elle ne m'a pas influencé à pratiquer le karaté). J'étais plutôt attiré par les blondes en général, mais mes goûts primaires ont évolué grâce à des personnages à la fois beaux et travaillés comme Kyoko (Maison Ikkoku) et Madoka. "Les brunes ne comptent pas pour des prunes", comme dit la chanson.

Hikaru, quant à elle, était tantôt très mignonne et très touchante, tantôt horripilante par son comportement enfantin, et, son rire pas très gracieux pour une jeune fille. Je trouve franchement dommage qu'elle soit autant mise en retrait par rapport à Madoka, car elle a sa propre personnalité et ses propres qualités. C'est un personnage plus complexe qu'il n'y parait, sans qui la relation Madoka/Kyosuke n'aurait sans doute pas été la même (voir l'épisode 45).

J'ai aussi beaucoup aimé Jingoro, le chat obèse champion de vitesse, et ses mésaventures avec les jumelles Manami et Kurumi, qui m'a souvent fait hurler de rire. Peut-être parce que j'avais un chat moi aussi, qui sait ?

Tous les autres personnages sont aussi très justes, bien qu'ils manquent de profondeur par rapport à nos trois héros. Ils servent néanmoins de lien à la cohérence de cet univers si familier mais pourtant fictionnel.

Autre ingrédient fondamental à la qualité de la série : "le Pouvoir", ou la magie que possèdent tous les membres de la famille Kasuga (sauf Takashi, le père). Une telle histoire aurait très bien pu exister sans lui (comme le prouve le premier film). Mais, loin d'une facilité narrative pour renouveler les scénarii, il est plutôt le petit grain de sel que l'on rajoute pour relever un plat déjà bon par lui-même. Ainsi "le Pouvoir" embellit aussi bien les scènes romantiques, les scènes comiques et même les scènes dramatiques.

Rien à redire sur le magnifique travail accompli par la character designer Akemi Takada qui a su magnifier le trait originel d'Izumi Matsumoto.

La réalisation est de haute volée, reprenant des techniques propres au cinéma et à la photographie. Je donnerais même une mention spéciale à l'épisode 43, magnifique, malgré le poids des années. L'animation est certes un peu faiblarde, tout comme la majorité des séries de l'époque, mais ce n'est pas un shônen enchaînant les combats, alors c'est amplement suffisant (des séries beaucoup plus récentes sont même moins bien animées que KOR !).

La musique et les chansons, de grande qualité, m'ont semblé transparentes à l'époque tant elles font partie intégrante de l'histoire. Elles accompagnent si harmonieusement l'image qu'il faut les écouter à part pour remarquer à quel point elles sont fondamentales dans l'ambiance de la série. Comme la fabuleuse chanson "Salvia no hana no you ni" de l'épisode 22 chantée en entier pour notre plus grand plaisir...

J'ai toutefois éprouvé, dès mon premier visionnage, un fort plaisir à l'écoute de "Orange Mystery", la deuxième chanson d'ouverture qui m'a particulièrement plu. Ce second générique ressemble beaucoup à un vidéo-clip. La synchronisation des mouvements des personnages et de la musique ne saute pas immédiatement aux yeux, mais contribue grandement à sa qualité. Mon avis actuel est que l'OST est incontestablement un personnage important à part entière dans l'histoire.

L'histoire, centrée sur le triangle amoureux, offre des tranches de vie ressemblant à des morceaux choisis d'une adolescence insouciante. Même s'il est vrai que l'histoire n'avance pas très vite, et qu'elle n'apporte  pas de réelle conclusion, elle offre néanmoins de grands moments de romantisme, d'humour et même d'action. Ce qui est très bien vu, c'est qu'il suffit d'un regard, d'une attitude, ou d'un geste pour comprendre les sentiments des personnages. Les meilleures scènes sont donc celles qui comportent le moins de dialogues, car dans la vie il est toujours plus difficile de s'exprimer avec des mots. Si je devais choisir un épisode préféré, j'aurais beaucoup de mal tant chacun apporte sa touche personnelle à l'ensemble. Cependant, j'ai un attachement tout particulier pour les deux derniers épisodes. Je trouve qu'ils synthétisent l'essence même de KOR. Où comment la fin peut être aussi le début...

Les 8 OAV visionnées après les deux films, contrairement à la série, ne m'ont pas laissé de grands souvenirs. La faute sans doute à leur ordre anti-chronologique, car adaptées de passages du manga non utilisés dans la série. Je retiens néanmoins l'OAV où Kyosuke échange son corps avec un poisson rouge et avec Jingoro "Je suis un chat, je suis un poisson". En dehors du côté évidemment comique du changement de corps, cet épisode montre de façon évidente la relation complexe liant Madoka et Hikaru.

Et, bien sûr celle où Madoka chante sur scène "Kaze no manazachi" dans "Scènes d'amour cœur de feu" partie 2 qui a encore augmenté mon admiration pour elle.

Enfin, je retiens aussi dans "un message de rouge", ce qui est sans doute l'un des plus longs passages où Kyosuke et Madoka se retrouvent seuls tous les deux...

Le premier film marqua un tournant important. L'émotion fut pour moi à son comble avec la dramatique volée en éclat du triangle amoureux. Contrairement à la série, la magie est absente et les passages comiques sont peu nombreux. La tension est présente tout au long du film pour atteindre son paroxysme vers la fin.

Même si j'étais ravi pour Kyosuke et Madoka, je ne pouvais m'empêcher d'être triste pour Hikaru. Elle venait de perdre en même temps son premier amour, et sa meilleure amie qu'elle considérait comme sa grande sœur. Je me rappelle surtout la dureté des propos de Kyosuke envers Hikaru lorsqu'il lui dit qu'il ne voulait plus la voir...

La VF atroce était trop directe et incohérente par moments, me laissant face à un grand désarroi. Heureusement, lors de mon visionnage du film en DVD, j'ai pu l'apprécier à sa juste valeur en VOSTFR.

Dans l'OST, brillant par son absence, je me rappelle surtout de la musique "Be Your Only One", chargée d'une forte intensité prenant un ton solennel préfigurant les événements à venir, et "After Heartbreak", morceau d'une infinie tristesse. Les chansons de Kanako Wada, sans en connaître les paroles, sont aussi très belles, mais tristes...

Autant la fin de la série était à la fois romantique et spectaculaire, autant ce film est d'un réalisme trop saisissant pour une âme sensible comme la mienne. La fin idéale eût été que le trio reste uni pour toujours, mais cela n'aurait été qu'une utopie...

Le second film, visionné très rapidement après, a été un remède efficace face à la douleur laissée par le premier, et ce pour plusieurs raisons.

Le character designer n'était plus signé Akemi Takada, et cela m'a fait un choc. Mais, en fin de compte, on ne perd rien au change car les personnages gagnent soudain une grande maturité. L'évolution majeure tient à Hikaru qui rivalise désormais à armes égales avec Madoka.

La thématique du voyage dans le Temps, toujours efficace, m'a passionné (j'adore la trilogie Retour vers le Futur, ceci explique cela).

La reformation temporaire du trio avec la scène de la piscine m'a fait chaud au cœur après tant d'émotions.

Madoka jouant au piano "Kyosuke n°1" m'a tout simplement réconcilié définitivement avec le piano tant j'ai été bouleversé par ce morceau. Il exprime dans un mélange harmonieux de force et de douceur l'intensité des sentiments qu'éprouve Madoka envers Kyosuke, et ce, sans aucune parole, par le langage universel de la musique.

Enfin, je ne trouve pas les mots pour décrire la tant attendue scène d'amour car elle était tout simplement magique.

Le temps passe, j'ai refermé à contre-cœur l'album photo, tout en me promettant d'y revenir un jour...

2011, les mangas originaux sont enfin réédités chez Tonkam. Replongé dans l'ambiance, je vais sur YouTube pour écouter quasiment en boucle la musique de KOR et de fil en aiguille j'atterris sur le site Kimagure Orange Road - Music Hall.

Décidemment, les années n'ont pas d'emprise sur ce chef-d'œuvre, et comme le bon vin, il se bonifie avec le temps.

Madoka est-elle la femme idéale ? Oui et non, aurais-je envie de répondre.

Oui, car elle associe une grande beauté, des aptitudes dans tous les domaines (que ne sait pas faire Madoka ?) à une personnalité d'apparence rude mais cachant un cœur tendre, généreux et d'une grande sensibilité. Si l'on analyse la tendance actuelle des "bad boys" comme la saga Twilight, on ne peut que remarquer l'étrange ressemblance entre Edward et notre personnage féminin préféré. À méditer !

Non, car une telle perfection ne peut exister que dans nos rêves. Elle serait plutôt l'incarnation symbolique du grand amour. Ainsi, chacun de nous peut trouver sa Madoka, quelle que soit son apparence physique, ce sera tout simplement celle que l'on aime et qui nous aime en retour...

Cette série a-t-elle changée ma vie ?

Difficile à dire car je ne l'ai découverte que trop récemment. Si je l'avais vue pendant mon adolescence, je n'aurais ni apprécié le côté romantique, ni le côté parfois un peu "graveleux". Ce qui est sûr ce que j'aurais aimé les pouvoirs magiques et l'humour, car je me rappelle parfaitement avoir adoré Ranma 1/2 et détesté Juliette je t'aime.

Ce que je retiendrais toujours de cette série, ce sont ces merveilleux moments romantiques, parsemés ça et là, le tout baignant dans une atmosphère nostalgique douce-amère.

Si je devais conseiller la série à quelqu'un, je dirais simplement qu'elle s'adresse à tous ceux qui ont aimé, qui aiment, et qui aimeront un jour...

 

 



Signé un éternel adolescent toujours
à la recherche de sa Madoka

Punch
Août 2011

punchfromtouch@gmail.com

 


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