Kimagure OrangeRoad

 

"Another World"

 

par FrozenOwl


C'était dans «  la Grande Parade des TV toons » du dimanche sur la station de radio pour enfants « Super Loustic », en mai 1990. Olivier présentait une nouvelle comédie sentimentale avec deux jolies jeunes filles et un garçon doué de pouvoirs psychiques.

J'aimerais écrire que je me suis précipité sur la Cinq dès le lendemain pour la découvrir, mais ce serait largement déformer la réalité. A l'époque j'étais un fan absolu des « Chevaliers du Zodiaque » et La Cinq, c'était le domaine de ma petite sœur, avec ses histoires larmoyantes de princesses enamourées!

Mais il serait tout aussi malhonnête d'écrire que je ne me vautrais pas régulièrement sur le canapé à côté d'elle pour regarder les mêmes séries...
Et c'est ainsi que j'ai découvert « Max et Compagnie », à cet instant du dixième épisode où Max rêvait que Paméla mourait.
C'est là que j'ai pris le train de la Route Orange et que je n'en suis plus descendu.

A côté de la ruine relationnelle de mes années collège, « Max et compagnie » me présentait un monde de légèreté, dans lequel il faisait bon fuir. J'ai suivi tout l'été les aventures de ceux qui étaient devenus mes héros favoris.
J'ai frémi de bonheur lorsque Max a failli embrassé Sabrina sur l'île du Lagon Bleu.
J'ai ri lorsqu'il a donné un double rendez-vous à ses deux amies.
J'ai pesté lorsque la diffusion a été interrompue par Roland-Garros.
Le soir, je me projetais dans ce monde merveilleux et revivais en imagination les aventures du jour.

Et lorsque s'est terminé le dernier épisode, j'ai pleuré comme jamais.
Pleuré de désespoir de voir ainsi disparaître mon univers.
Pleuré d'injustice car l'histoire n'était pas terminée.

Que restait-il de cet éternel été? Quelques minutes des vacances aux sports d'hiver du 46e épisode enregistrées par hasard sur une cassette VHS.
L'année qui a suivi a été l'une des pires de ma vie, scolairement comme sentimentalement. Mais chaque fois que ça n'allait pas et que je me retrouvais seul à la maison, je regardais ces quelques minutes de bonheur, avec la nostalgie d'un paradis perdu.

En mai de l'année suivante, ô joie : la série était rediffusée et j'ai pu enregistrer la plupart des épisodes!
Avec le temps, j'ai tristement assisté à la fin du triangle amoureux et aux réconciliations qui ont suivi. J'ai aussi pu découvrir avec bonheur la version originale, plus « coquine » et beaucoup plus drôle. Je ne jure plus que par celle-là : « Max et compagnie » est devenu « Kimagure Orange Road ».

Aujourd'hui, mes déprimes collégiennes et lycéennes sont loin derrière moi. J'ai une charmante épouse (d'origine asiatique, allez comprendre...) et deux jolies petites filles. Il m'arrive de regarder un épisode de K.O.R., d'en écouter la musique et de ressentir ce petit pincement au cœur qui rend cette série si belle à mes yeux.

Je me dis parfois que c'est un peu bizarre qu'un grand gaillard comme moi apprécie encore ces amourettes adolescentes. Mais c'est oublier que nous sommes la somme de tous les âges que nous avons traversés. Même adultes, nous cherchons avec ardeur un monde dans lequel l'humour, l'amour et l'amitié virevoltent joyeusement.
C'est l'espoir de ce monde qui guide notre vie.
Et c'est pour cela que « Kimagure Orange Road » continue à parler à nos cœurs.

FrozenOwl

Août 2010


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