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Réflexion 42 :
La Saint Valentin au Japon

Par Punch
Maj du 9 Février 2015

 

Passionné par la culture asiatique, et par la culture japonaise en particulier, j'ai pensé qu'il serait intéressant de créer une rubrique culturelle associant l'univers de KOR et les spécificités culturelles propres au Japon qui y sont traitées.

Pour des raisons évidentes de temps, je ne pourrai traiter toutes les thématiques, mais j'avais envie d'en aborder au moins une : la Saint Valentin.

Pourquoi la Saint Valentin ? Tout simplement car c'est la fête des amoureux, et sans doute celle qui rentre le plus dans la thématique romantique de KOR.

Je vais tout d'abord vous rappeler dans les grandes lignes comment se passe cette fête chez nous. Je vous passe le contexte historique peu festif que vous trouverez aisément en cherchant sur Internet (par exemple ici).

En France, la Saint Valentin est la fête de tous les amoureux où généralement l'homme offre des fleurs (ou des bijoux ou autre selon ses moyens) à la femme de son cœur quelque soit l'état de leur relation : petit-ami, fiancé, pacsé ou marié. La femme, quant à elle, peut très bien offrir quelque chose à son homme (exemple typique : la cravate) mais rien ne l'y oblige. À cela, on peut ajouter un dîner romantique chez soi (avec décoration adéquate) ou au restaurant (bien choisi). Evidemment, le côté commercial de la fête n'échappera à personne, sachant que l'on peut très bien être romantique avec l'être aimé à n'importe quelle période de l'année.

Au Japon, les choses sont un peu différentes. Le 14 février ressemble d'une certaine façon à la fête du chocolat et des confiseurs, car comme Noël, cette fête étrangère fût importée dans les années 1950/1960 pour des motivations commerciales...

Les femmes Japonaises doivent acheter (ou confectionner) des chocolats pour tous les hommes de leur entourage. Ce qui représente un budget conséquent en fonction de l'état de leur vie sociale.

Les chocolats offerts se déclinent en plusieurs catégories :

- Les honmei-choco (ou chocolats des vrais sentiments) offerts uniquement à l'homme aimé. L'idéal étant de le confectionner soi-même en y mettant tout son amour et ses talents de cuisinière. C'est bien évidemment ce type de chocolat que l'on retrouve le plus dans les animés et les mangas. C'est là que l'on retrouve le fameux chocolat en forme de cœur (emballé dans du papier ou dans une boîte) et sans doute l'expression offrir son cœur.

- Les giri-choco (ou chocolats d'obligation) sont offerts par les filles à leurs camarades de classe au collège et au lycée et par les femmes à tous leurs collègues et leurs supérieurs hiérarchiques (inutile de vous en rappeler leur importance au Japon). Il s'agit donc d'une obligation sociale très formatée. Ces chocolats peuvent être fait à la main ou bien achetés et se présentent sous la forme de traditionnelles boîtes ou sachets de petits chocolats.

Les chô-giri choko : les mêmes que les précédents mais très bon marché. Pour les collègues que l’on apprécie le moins...

Les tomo-choco (ou chocolats de l'amitié, ami en japonais se disant "tomodachi") : de tradition récente, ils peuvent être tout aussi bien offerts aux amis masculins qu'aux amies féminines.

Les sewa-choko (ou ariga-choco de arigatô signifiant "merci") : en guise de remerciement pour quelqu’un envers qui vous ressentez de la gratitude. Faits maison ou simplement de bons chocolats.

- Les papa-choco : comme leur nom l’indique, ces chocolats sont offerts par les filles à leur père.

- Le gyaku-choco (gyaku signifiant "inverse") certains garçons offrent immédiatement des chocolats en retour en gage d’amour ou d'amitié. L'emballage de ces chocolats a pour originalité d’avoir ses motifs imprimés inversés.

- Le jiko-choco (jiko signifiant "soi") chocolat que l'on s'offre à soi-même !

(Merci à Olivier pour ces deux derniers compléments.)

Comment différencier un honmei-choco d'un giri-choco ?

En dehors de l'aspect caricatural de la boîte en forme de cœur beaucoup trop visible (donc peu crédible en réalité), la manière dont ils sont offerts et le mot qui les accompagne doivent être déterminants.

Ainsi une fille amoureuse d'un garçon peut lui offrir directement ses chocolats en public en lui disant une phrase du style : "accepte mes chocolats (ou mes sentiments), s'il te plaît". Ce qui est très difficile à réaliser et peut être considéré comme une marque de courage. Qui plus est, le garçon peut difficilement refuser en présence d'autres personnes...

La manière indirecte est de lui déposer ses chocolats dans son casier à chaussures, sous sa table dans la salle de cours ou même de les glisser discrètement dans son sac. Dans ce cas-là, un mot doit accompagner les chocolats pour au moins dire de qui ils viennent.

On retrouve aussi un cliché fréquent dans les animés/mangas que l'on pourrait nommer "la mesure de popularité". Cela consiste à dire que tel garçon est plus populaire que les autres en fonction de la quantité de chocolat qu'il a reçue le jour de la Saint Valentin. Le stéréotype du garçon idéal (beau, intelligent, sportif, riche…) ayant un succès démesuré est trop surréaliste à mon goût pour être crédible. Imaginez surtout les conséquences pratiques : comment répondre aux attentes de toutes ces filles en même temps !

Autre spécificité japonaise : le White Day  (ou jour blanc) ayant lieu tout juste un mois après, soit le 14 mars.Cette fête portait à l’origine le nom de Marshmallow Day et a été crée par… une entreprise de guimauve !

Ici c'est l'homme qui offre un cadeau (à l'origine de couleur blanc) à toutes les femmes qui lui ont offert des chocolats. Il doit être d'une valeur trois fois supérieure à celle du cadeau reçu (l’expression japonaise exacte est « sanbaigaeshi »). Cela oblige certains japonais à refuser (par politesse ou par radinerie) les chocolats que leur offre les femmes...

Une spécificité pour les adolescents : le garçon offre un ruban blanc à l'élue de son coeur (même si elle ne lui a pas offert de chocolats). Si celle-ci partage ses sentiments, elle doit le nouer symboliquement (à ses cheveux, à un poignet ou même à son sac...) durant cette journée.

Enfin, le 14 mars, l'objet en retour devant être blanc, beaucoup d'hommes qui renvoient la monnaie aux filles offrent tout simplement... du chocolat blanc dixit toujours Olivier (les vrais amateurs de chocolat sachant bien sûr qu'il s'agit d'un faux chocolat car il ne contient pas de cacao !)

Il est aisé de remercier ses collègues par des ariga-choco ou autres présents, mais comment quantifier la valeur d'un chocolat fait avec amour par l'élue de son cœur ?

Alors la Saint Valentin au Japon est-elle vraiment la fête des amoureux ou plutôt une obligation sociale dont la note peut être salée ?

 

Dans le manga (extraits du volume 6) :

Manami et Kurumi offrent à Kyosuke, comme chaque année, des giri-choco.

Hikaru, fidèle à elle-même, offre sans détour son honmei-choco à Kyosuke.

Pour Madoka, c'est plus subtil. La boîte de chocolats est pour consoler Kyosuke donc plutôt des giri-choco.

Par contre, à en croire l'expression de Madoka, l'unique chocolat chaud est bien un honmei-choco...

À noter : un autre chapitre du manga traite de la Saint Valentin dans le volume 12, mais n’apporte rien de nouveau à l’intrigue.

 

Dans l'épisode 44 de l'anime :

Manami et Kurumi préparent des giri-choco pour toutes leurs connaissances... À moins que la "tornade" Kazuya ne les décourage pour cette année.

Takashi reçoit aussi des chocolats de son "amie" dentiste. Même si le doute plane, je pense qu'il s'agit quand même de giri-choco. Il doit rester fidèle à sa défunte épouse, sinon il se serait vite remarié, non ?

Kazuya (dans le corps de Kyosuke), trop jeune pour comprendre qu'il ne s'agit pas que de manger du chocolat, séme involontairement la zizanie.

Komatsu et Hatta, vu leur déception, ne reçoivent même pas de giri-choco. Sans doute à cause de leur déplorable réputation de pervers.

Ushiko san et Umao san ne font rien comme les autres comme à leur habitude.

Hikaru "triche" en préparant avec l'aide de Yusaku (privé lui aussi de chocolat) son honmei-choco pour Kyosuke. Mais les événements tourneront tous en leur défaveur.

Madoka fabrique des chocolats pour les clients de l'Abcb (ont-ils été seulement mangés ?). Elle refuse d'en donner un à Master, mais en donne un à Kazuya/Kyosuke.

Par contre elle ne sert pas de chocolat chaud aujourd'hui... Sauf à Kyosuke !

 

Cette réflexion a été réalisée à partir de mes propres observations et du croisement de différentes sources (dont plusieurs sites Internet). Elle n’a pas pour objectif l’exhaustivité ou la précision. C’est pourquoi, si vous désirez en savoir davantage sur le sujet, je vous invite à effectuer vos propres recherches que se soit sur Internet ou tout autre support de votre choix.

J'espère néanmoins que ce petit sujet vous a plu et j’attends vos éventuels commentaires et corrections.

 

Fait le 14 Février 2012
Réactualisé le 26 Février 2012, le 14 Février 2014 et le 9 Février 2015
Par Punch

 


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