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Réflexion 3 :

Le symbolisme du premier film de KOR

 

Pochette du vidéo disque laser du filmSelon l'interview du réalisateur Tomomichi Mochizuki (Cf  FAQ de KOR),  le film de KOR, "Ano Hi ni Kaeritai" (sorti en 1988), devait être le plus réaliste possible dans le scénario et le jeu des personnages.

Or, ce film est parsemé de symboles que l'oeil du spectateur ne peut pas apercevoir immédiatement, tant il est plongé dans ce réalisme dont parle le réalisateur.

Les éléments qui contribuent au symbolisme de ce film revêtent des formes et des dimensions assez inattendues, et peuvent être classifiés ici de la manière suivante :

- Les moyens de transport ;
- Les fleurs ;
- Les clochettes ;
- Les oranges ;
- La couleur rouge ;
- Le vrai "visage" de Madoka.

Nous allons donc les passer en revue, bien que cette liste ne soit pas la plus exhaustive. Précisons que même avec la VF de ce film, on peut quand même profiter de la lecture de ces symboles.

 

Un train
Un hélicoptère
Un dirigeable

Les moyens de transport

Dans le film, nous sommes frappés par la profusion des différents types de moyens de transport connus : voitures, camions, camionnettes, bus, scooters, bicyclettes, avion, barque, dirigeable, métro, train, et hélicoptère. 

L'intention du réalisateur était certainement de nous maintenir sans cesse à la réalité de la vie quotidienne moderne, manifestée notamment par les bruits de fond de la ville qui sont omniprésents à chaque moment du film. 

A noter le dirigeable qui apparaît à un certain moment sur la ville. Il symbolise la chanson "Summer Mirage" de Wada Kanako : "... BIRU no tanima ni ukabu hikousen..." ("... Un dirigeable flotte sur une vallée entre des immeubles... "). 

A noter également la scène sur le viaduc dominant la ligne de chemin de fer. L'arrivée du train passant sous Kyosuke et Hikaru semble les séparer tous les deux, symbole que leur relation s'achemine vers la fin.

La fleur que Kyosuke a trouvé dans le cahier de  Madoka
Le symbole de chaque scène est représenté par un pot de fleur différent
Le symbole de chaque scène est représenté par un pot de fleur différent
Regardez les motifs floraux du Kimono de Madoka

Les fleurs

Comme pour marquer une différence entre la vie urbaine et celle de la nature, entre Madoka et Hikaru, les fleurs ont une place de choix tout le long du film. 

Dans deux scènes d'importance, la même fleur réapparaît : la première est celle où Kyosuke se fait prêter des cours par Madoka. Il trouve dans son cahier une fleur bleue séchée ressemblant à un trèfle à cinq feuilles. C'est la seule fleur que Kyosuke regardera avec attention. 

La seconde scène est celle où Madoka revêt son kimono après qu'elle ait trouvé les cours que lui a passé Kyosuke. On constate que sur ce kimono, les motifs dessinés de cette même fleur réapparaissent. Coïncidence ?... 

On comprend que cette fleur symbolise le lien intime qui unit Kyosuke à Madoka. Quant à Hikaru, elle tente d'offrir des glaces et des gâteaux.

La clochette que Hikaru a offert à Kyosuke
La clochette de l'Abcb représente celle de Madoka

Les clochettes

Le film fait apparaître deux clochettes, l'une pour Hikaru et une autre pour Madoka. 

Celle d'Hikaru représente son propre symbole, sa propre présence dans la vie intime de Kyosuke. D'ailleurs, ce dernier l'accroche à la fenêtre du balcon de sa chambre quand Hikaru la lui offre. Son tintement bat au rythme du vent, et le son qui est généré rappelle à Kyosuke qu'elle existe dans sa vie. 

La "clochette" de Madoka, moins perceptible, est celle qui se trouve à la porte d'entrée de l'Abcb. La caméra insiste particulièrement sur son tintement, quand Hikaru quitte le café, après sa discussion houleuse avec Madoka à propos de Kyosuke.

Madoka s'empare de l'orange du dessus
Madoka s'apprêtant à manger l'orange qui représente Kyosuke
Finalement, elle n'en a fait qu'une bouchée !

Les oranges

Leur sujet a déjà été traité dans la FAQ de KOR. Il est cependant intéressant d'en rappeler ici leur importance. 

En effet, dans une des scènes du film, Hikaru apporte à Madoka quatre oranges placées de manière pyramidale. Trois de ces oranges formant la base représentent Hikaru, Madoka et Yusaku. La quatrième orange, qui forme le sommet de la pyramide, représente Kyosuke. Kyosuke est un ajout de dernière minute au groupe, et dont le trio original forme la base. Hikaru explique que les oranges sont meilleures quand elles sont consommées fraîches, une remarque sensiblement innocente qui symbolise le fait que Madoka ferait mieux de "prendre" Kyosuke avant qu'il ne soit trop tard (Hikaru l'a perdu). Acquiesçant, Madoka dit à Hikaru qu'elle est sur le point d'en manger une, et prend l'orange du dessus ("Kyosuke"). Hikaru lui répond de le faire. Symboliquement, et en réalité, Hikaru n'a pas conscience, à ce moment-là, qu'elle est en train de perdre Kyosuke au profit de Madoka. Parce que Madoka a poussé les choses, le groupe s'est détruit. Madoka prend l'orange du sommet, détruisant ainsi la pyramide.

Madoka et son foulard rouge à l'unversité
La robe d'été rouge de Madoka

La couleur rouge

La couleur rouge a toujours représenté dans KOR le lien qui unit Kyosuke à Madoka. Dans le film, nous n'apercevons plus le célèbre chapeau de paille rouge qui apparaît tant de fois dans les épisodes, de même que le fameux ruban rouge. 

Mais la couleur rouge, qui est LA couleur de Madoka, est omniprésente autour d'elle dans le film. Sur ses propres vêtements, avec le foulard rouge qu'elle porte à l'université, la robe d'été rouge qu'elle porte chez elle quand Hikaru lui rend visite, et enfin ce noeud papillon rouge qu'elle porte sur la tête à de multiples moments.

Non, non. Vous ne verrez que cela.
Ca n'a l'air de rien, mais à ce moment précis, les deux amoureux s'avouent encore leur amour

Le vrai "visage" de Madoka

Dans la série de KOR, nous apercevons beaucoup le visage de Madoka qui devait faire en sorte de nous faire imaginer ce qu'elle devait bien penser à ce moment-là. Les silences de Madoka en disaient long sur ses pensées. Or, dans le film, alors que Madoka s'ouvre enfin avec beaucoup d'émotion et révèle de vive voix le fond de ses pensées, on ne voit jamais son visage à ces moments-là. Encore une fois, c'est exprès. Il faut toujours que le spectateur imagine comment elle peut être physiquement à ce moment précis. C'est très astucieux car alors que l'on atteint une étape supplémentaire dans la connaissance de Madoka, nous perdons un repère visuel qui est celui de la voir physiquement au moment où elle s'exprime enfin comme jamais nous l'entendons dans la série. De même, il n'y a pas dans le film de scènes de baiser entre Madoka et Kyosuke. Il y en a presque un mais qui ne va pas jusqu'au bout sous l'oeil des caméras. Autre exemple, au sommet des buildings on ne voit pas les visages du couple quand ils disent qu'ils s'aiment. C'est à travers le regard qu'ils portent sur la ville qu'ils dominent que le spectateur entend leurs sentiments qui s'échangent. De même, on ne voit pas ce qui se passe lorsque Kyosuke annonce qu'ayant eu son examen d'entrée il tombe dans les bras de Madoka. C'est peut-être intentionnel que tout ce passe par l'entremise de la voix et l'environnement extérieur immédiat. L'auteur de film utilise même des extraits cinématographiques ou radiophoniques pour parler à la place de Madoka et de Hikaru. Il faudra attendre le second film, "Shin KOR" pour voir nos héros s'embrasser.

 


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