On aperçoit Kyosuke marcher dans la pièce, portant une serviette autour de la taille. Il voit Madoka raccrocher le téléphone.
" Madoka. Qui était-ce au téléphone ? "
" Hikaru. "
" Oh. Je vois… "
Mon cœur s’est arrêté momentanément à la simple mention de son nom. Belle, loyale, douce Hikaru. Celle qui est toujours exceptionnelle pour moi. Son souvenir était toujours frais dans ma tête, lorsque j’ai discuté de cette dangereuse nuit que j’avais passé avec elle avec mon Moi de dix-neuf ans à l’aéroport. Cela s’était passé il y a trois ans. Nous avions dîné dans l’hôtel où elle séjournait, et nous nous étions remémorés des souvenirs. Et puis, nous nous sommes retrouvés dans sa chambre, seuls. J’ai été tenté, j’étais séduit. Séduit par sa beauté extérieure, séduit par son charme et par son côté sophistiqué, séduit par sa maturité. Je me suis souvent demandé comment j’ai été capable de passer cette nuit sans que rien ne se passe.
Mais mes pensées n’étaient pas concentrées sur comment marquer des points avec elle cette nuit-là. Plutôt, moi et mon âme étions préoccupés par quelque chose d’autre : survivre. Vous savez, j’ai été impliqué dans un accident fatal de voiture, il y a trois ans. Mon grand-père, voulant aider, avait envoyé mon âme accidentellement dans le futur. J’ai été presque mort lors de cette traumatisante expérience.
Je ne suis toujours pas sûr de ce qui m’a fait traverser cette crise. Tout ce dont je me souviens, c’est l’image d’une Hikaru paisiblement endormie, qui brillait comme un ange au clair de lune. Son énergie rayonnante a dû revitaliser mon âme affaiblie, me redonnant espoir et la volonté de me battre. Si ce n’avait été pour sa force et l’amour de Madoka, je ne serais pas ici aujourd’hui.
" Kyosuke ! Qu’est-ce qui t’arrive ? Tu ne veux pas savoir pourquoi elle a appelé ? "
" Si ! Pardon… "
" Elle appelait juste pour nous faire ses amitiés avant de retourner à New York. "
" Comment va-t-elle ? "
" Apparemment bien, dans sa façon habituelle. "
" Elle était ici pour une audition, n’est-ce pas ? "
" Oui ! comment le sais-tu ? "
" Oh… une idée comme ça. "
" Oh vraiment… Parfois, je me demande si tu n’essayes pas de me cacher quelque chose. "
(bégayant) " Il… il… n’en est rien… "
(ricanant) " Je te fais juste marcher. Heureuse de voir que tu es encore crédule. "
" Hey ! Attends une minute ! Je vais te faire payer ça… "
Dring ! Dring !
Madoka (souriante) :
Encore sauvée par le gong !
Kyosuke (moqueur) :
Je m’occuperai de ton cas après… Tu vas voir !
Madoka :
Je suis impatiente de voir ça.
Ils échangèrent à ce moment un regard spécial avant qu’elle ne décroche le téléphone et qu’il ne parte s’habiller.
" Oui ?… Hayakawa ?… Bonjour. Quoi ? Tu veux emmener des invités supplémentaires ce soir ? D’accord, ça ne me pose pas de problème. Au fait, je voulais te remercier d’avoir voulu aider Hikaru. Oui, je sais à quel point elle peut être obstinée, parfois. Mais devine d’où elle tient ça ? (rires) Elle a aussi très apprécié le fait que tu te déranges pur la faire accompagner à l’aéroport en limousine. Qu’est-ce que tu veux dire par " Quelle limousine ? " ?… Voyons Mitsuru, ne te moque pas de moi. Quoi ! ? ! Tu es sérieux ! ! ! Mais alors, qui conduit Hikaru… ? "
[Hikaru est endormie dans la limousine]
J’étais totalement dans les ténèbres, excepté une fontaine avec le Bouddha en bronze au centre, tout comme la fontaine, à peu près comme celui de l’hôtel dans lequel j’avais séjourné. J’étais assise sur le bord gauche de la fontaine, les coudes sur les genoux et les mains sous le menton. Je réfléchissais à mes problèmes et à toutes les difficultés que j’avais endurées ces dernières années. Je regardai le Bouddha souriant avec jalousie.
" Comme c’est ironique. Tu es si heureux alors que je suis si misérable. Au fait, pourquoi ai-je fait un souhait aussi stupide ? "
Elle arbore un sourire sardonique.
" Qu’est-ce que je raconte ? Je suis désolée. Qui suis-je pour te blâmer pour tous mes problèmes ? Tout est de ma faute. Il me semble que tout va de travers depuis que je suis partie pour New York. Bien sûr, j’ai grandi et appris à survivre, mais je suis aussi devenue plus maussade et cynique. Où en suis-je maintenant ? Je n’ai jamais eu de chance avec aucun homme dans ma vie, et mes aspirations de danseuse ne me mènent à rien. "
Les souhaits… ils sont si biens, mais ce n’est que dans les contes de fées. Je me rappelle avoir vu " Cendrillon " avec Sugizawa lors d’un de nos rendez-vous. Cendrillon avait une vie misérable avec ses méchantes belle-mère et demi-sœurs, mais elle n’a pas abandonné son véritable amour. Par la suite, les événements l’ont dépassée et ont eu raison de son pauvre petit esprit. Par chance pour elle, elle avait une sorte de tante-fée qui a pris soin d’elle tout au long de sa vie. Le souhait de Cendrillon de rencontrer un prince charmant s’était réalisé. Bien qu’elle ait affronté l’adversité par la suite, elle s’était arrangée pour déjouer les plans machiavéliques de sa belle-famille avec l’aide de ses amis loyaux et une pantoufle de verre. Puis, elle a vécu heureuse avec son prince.
C’était ce que j’avais en tête, lorsque j’ai fait ce souhait. D’avoir mon Prince Charmant sortant de nulle part et qu’il m’enlève. J’avais pensé que Kyosuke était mon Prince Charmant, et Sugizawa par la suite. Mais j’étais dans l’erreur. J’admets que ce fut une pensée infantile, mais est-ce que je me trompais de penser ainsi ? Probablement que rien de tel n’arrive jamais. Et même si cela arrivait, cela ne durerait pas. Regardez le Prince Charles et Lady Di. Le parfait conte de fées. Mais que sont-ils devenus maintenant ? Séparés et ils sont la proie des paparazzis. Ca me rend triste rien que d’y penser.
Derrière elle, l’éventail dans la main de la statue commence à s’agiter.
Mes muscles se sont tendus alors que je sentais le souffle d’un vent glacial derrière mon cou. Instinctivement, j’ai croisé les bras et j’ai légèrement frissonné, me demandant d’où pouvait bien venir ce vent fantôme. Quand le vent a cessé, j’ai vu au loin une ombre venant vers moi. Qui était-ce ? Et que venait-il faire dans mon rêve ?
[Les chauffeurs de la limousine discutent.]
" Alors là, tu nous a mis dedans… Le boss va sûrement être mécontent ! "
" C’est ça ! Blâme moi ! Qui m’a dit de conduire ? "
" Hey ! Tu m’avais dit que tu connaissais les rues de Tokyo comme ta poche. Comment pouvais-je savoir que tu avais tourné dans la mauvaise rue ? "
" Ce n’est pas ma faute. J’avais tracé la route sur mon ordinateur. Mais qui savait qu’il y avait toutes ces contre-allées et toutes ces distractions tout le long de la route ? C’est pourquoi j’ai raté le panneau… Tu n’as qu’à me faire un procès ! Tout ce que je sais c’est que ça ne ressemble pas aux rues d’Hokkaido. "
" Voilà ce qui arrive quand on fait confiance à quelqu’un qui vient juste d’apprendre à conduire. Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? T’es aveugle ? "
" Et bien… , maintenant que tu le dis, j’ai perdu mes verres de contact et … "
" Imbécile ! Je savais que je n’aurais pas dû te faire confiance… "
" Bon, on est arrivés, non ? "
" Oui, mais il est 16 heures ! "
" Bon, écoute Yitaki… "
" Hey, tête de pioche ! Combien de fois je devrais te rappeler de ne pas m’appeler par mon vrai nom ? Tu vas faire tomber notre couverture, c’est certain… "
Toc, toc, toc.
#1 abaisse partiellement la fenêtre côté passager. Dehors, on voit un homme mystérieux tout de noir vêtu. Il porte une veste de sport noire, des gants de cuir léger noirs, un chapeau noir avec une bande grise à son sommet, et des chaussures noires qui brillent. Pour compléter l’allure, il porte une paire de lunettes de soleil brillantes. Il se gratte la barbe pour le moment.
" Ahemmm ! "
#1:
Hey, sa-salut Ryusei, je veux dire, patron…
D’une voix sarcastique:
" Salut les gars. Heureux de voir que vous vous souvenez toujours de moi, et de vous trouver si enthousiastes de me voir. Je ne voudrais pas vous interrompre, mais j’apprécierais que vous preniez mes bagages et que vous me rameniez à la maison. J’ai fait un très long voyage et je commence à ressentir les effets du décalage horaire. "
#2:
Euh…Boss. Il faut que nous vous disions quelque chose.
" Eh bien, qu’est-ce que c’est ? "
#2:(Il sort de la voiture.)
Laissez moi d’abord prendre vos bagages.
#1:
(Pourquoi ce doit toujours être moi ?)
Oui… euh… Il y a une nana à l’intérieur.
" Une quoi ? "
#1:
Une femme. Une fille. Une femelle dans la limousine.
" Combien fois devrais-je te dire de ne pas emmener tes
rendez-vous… "
#2:
Ce n’est pas ce que vous croyez… C’est quelqu’un d’autre.
" Bon, nous n’avons qu’à la faire sortir, alors. "
#1 et #2:
Attendez ! N’ouvrez pas la porte !…
Lorsque j’ai ouvert la porte, j’ai vu cette merveilleuse demoiselle endormie. Lorsque je me suis penché en avant pour mieux la regarder, je me suis arrêté net, étonné et amusé. J’avais une étrange impression de déjà-vu quand je la vis. Bien que je ne l’aie jamais rencontrée au cours de ma vie, son visage me semblait familier. Bien que je ne l’aie jamais vue avant. Dans une vie antérieure peut-être ?
#1 et #2 se ruent à son côté.
" Boss ! Vous allez bien ? "
" Bien sûr, qu’est-ce que vous croyez. Vous pensez que je suis mécontent parce qu’il y a une fille dans la limousine ? Elle est encore en vie, n’est-ce pas ? "
#1:
Oui, elle s’est juste évanouie. Vous savez qui
c’est ?
" Comment le saurais-je, dites-moi ? "
#1:
Bien. Je vais vous expliquer dans la limousine.
" D’accord. Allons-y. Je n’ai pas l’intention de rester ici toute la journée. Et baissez la fenêtre de séparation.
#1:(à #2)
Cette fois, c’est moi qui conduis.
#2:(froidement)
Ça me va.
Je me suis assis en faisant attention de ne pas déranger cette jeune fille mystérieuse dans son sommeil. J’ai retiré ma veste et je l’ai déposée sur elle. J’ai détourné les yeux d’elle, ne voulant pas être absorbé par sa beauté.
#1:
Où allons nous Boss ?
" Allons au studio d’abord. Je dois voir des choses avec Nagasi. "
#1:
Bien.
" Et roulez doucement. Je ne veux pas que vous la remuiez. "
#2:
Ne vous inquiétez pas pour elle ! Je pense qu’elle
a dû vider la bouteille de champagne entièrement. L’alcool
a dû l’assommer.
" Très bien. Assez bavardé. Les affaires nous attendent. Pourquoi l’avez vous emmenée ? Pour quelle raison ? "
#1:
Vous voulez dire: " Merci les gars d’être venus
me chercher " et " Comment s’est passée votre journée ? "
#1 et #2 éclatent de rire.
" Voulez-vous bien être sérieux ! Ce n’est pas drôle ! Merde ! Je me demande bien pourquoi je vous ai engagés.
#1:
Pour vous dire la vérité, je n’ai aucune
idée de ce qui est arrivé. C’est #2 le responsable de tout
ça.
" Alors #2 ? J’attends ton explication… "
#2:(nerveux)
Ahh… Je crois que vous allez trouver ça drôle,
alors voilà. Je vérifiais les listes de voyageurs des vols
en provenance de New York sur mon ordinateur, pour savoir à quelle
heure il faudrait venir vous chercher. C’est alors que j’ai vu le nom d’Hikaru
Hiyama.
" Hikaru Hiyama ? Qui est-ce ? Une de tes amies ? "
#2:
Mmm… en quelque sorte. Nous sommes allés dans
le même lycée. C’était une amie d’un de mes camarades.
Nous ne nous sommes jamais rencontrés, et elle ne doit pas me connaître.
Alors, s’il vous plaît, ne lui en dîtes rien.
" #2 ! Il semble que tu t’intéressais à elle ! Je ne t’ai pas engagé pour que sois le serviteur de ces dames ! "
#2:
Ce n’est pas drôle !
" Très bien, très bien. Je garderai ton petit secret. Mais cela n’explique toujours pas pourquoi vous avez décidé de l’emmener à l’aéroport. "
#2:
Et bien… au bureau, Nagasi a laissé un papier
sur votre bureau avec le casting final pour la prochaine production. J’y
ai jeté un coup d’œil. Il semble qu’elle n’ait pas été
retenue.
" Je vois… "
#2:
Ce n’est pas tout. J’en ai parlé à Nagasi,
et elle m’a signalé qu’Hayakawa avait essayé de lui trouver
un autre rôle dans la pièce. Apparemment, il la connaît
aussi. Mais elle a refusé.
<Mm, quel type honorable; peut-être pas tant que ça…>
#2:
Compte tenu de la situation, je me suis senti désolé
pour elle, alors je…
#1:
NOUS !
#2:
Oui. Je veux dire Nous avons pris sur nous-mêmes
de la conduire à l’aéroport, en utilisant le nom d’Hayakawa
comme excuse. Nous voulions qu’elle parte en beauté et vous prendre
en même temps.
" Ne me dîtes rien. L’avion qu’elle devait prendre était celui dont je devais descendre. "
#2:
Exactement.
" Alors pourquoi est-elle encore ici ? "
#2:
Et bien… il semble que je ne sois pas aussi familier
avec les rues de Tokyo que je croyais.
#1:
Ça, c’est sûr !
#2:
Hey !
" Alors ? "
#2:
J’ai tourné dans la mauvaise rue. Quand nous avons
voulu faire demi-tour, nous avons été pris dans un monstrueux
embouteillage. Nous sommes enfin arrivés ici, mais c’était
trop tard.
" Je crois que ça n’a plus d’importance. Elle n’aurait pas pu prendre l’avion même si vous étiez arrivés à l’heure. "
#1:
Je pense qu’on a suffisamment parlé d’elle à
présent. Comment s’est passé votre voyage à New York
? Vous avez trouvé ce que vous cherchiez ?
" Ahh… Oui. Mon séjour. J’ai fait quelques bonnes affaires avec des costumes italiens. J’ai aussi eu la chance de pouvoir visiter tous les sites touristiques, même l’Empire State Building… "
#1:
Allez à l’essentiel. Avez-vous, oui ou non, trouvé
de jeunes talents pour la pièce ?
" Non. Vous n’imaginez pas le nombres de théâtres et d’agences que j’ai pu visiter ces dernières semaines. Malheureusement, je n’ai trouvé personne qui sorte du lot et qui m’ait vraiment impressionné. Il doit y avoir une pénurie de talents, de nos jours.
#1:
Je crois que votre esprit était préoccupé
par autre chose. Vous étiez allé la voir, n’est-ce pas ?
" Je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu dis. C’était seulement un voyage d’affaires. "
#1:
Je parle de la jeune fille sur la photo. Celle qui, à
votre avis, aurait pu vous aider avec votre problème.
" Je ne souhaite pas en discuter. "
#2:
Vous savez ? Je pense que cette personne ressemble à
la personne que nous avons…
(#1 lui donne un coup de coude.) Aïe !
#1:
Désolé, Boss. Juste un nid-de-poule. Je
vais lever la fenêtre de séparation et vous laisser tous les
deux. À plus tard !
La fenêtre de séparation se lève.
Il regarde Hikaru en train de dormir.
" C’est bien de connaître un nom qui accompagne votre si joli visage. Hikaru Hiyama. "
Il sort la photo d’une jeune fille. Il regarde Hikaru et regarde à nouveau la photo.
" Mmm. Il y a une ressemblance indéniable. Plus
âgée, c’est sûr. Je me demande si tu es vraiment réelle.
Notre rencontre était-elle écrite ? "
Fin du chapitre II.